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Channel: CONLIEGE AU COEUR
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La dernière tournerie de jeux d’échecs en buis du Jura, la tournerie Roz a fermé ses portes

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La tournerie Roz, entreprise familiale créée en 1960 près de Lons-le-Saunier, s’était notamment fait connaître en fabriquant des jeux d’échecs en buis. Elle était la dernière en France et s’éteint sans avoir pu trouver de repreneur.

Le Covid et la série à succès Le Jeu de la dame avaient pourtant donné un regain d’activité à la tournerie de Conliège.  Photo archives PROGRÈS /Philippe TRIAS

C’est fini. Il ne sortira plus de jeux d’échecs des ateliers de la tournerie Roz, implantée depuis plus de soixante ans, à Conliège, à quelques encablures de Lons-le-Saunier. Les machines se sont tues vendredi 30 septembre dernier. Brigitte Roz et son mari Michel Bruchon ont fermé définitivement l’atelier après une petite réception organisée pour fêter leur retraite.

Jusqu’à 300 000 jeux vendus par an…

Avec cette fermeture, c’est une page qui se tourne pour l’artisanat jurassien qui perd la dernière entreprise en France à tourner des pièces d’échecs à la main à partir de buis du Jura. Un savoir-faire qui avait fait la notoriété de la tournerie Roz dont la production s’est exportée aux quatre coins de la planète.

Au plus fort de son activité, lentreprise a vendu jusqu’à 300 000 jeux d’échecs par an dans le monde entier. Àcette époque, Michel Roz, le père de Brigitte, cinq générations d’une famille de tourneurs, employait une quarantaine de personnes.

Lorsque les pays d’Asie ont commencé à s’intéresser au marché du jouet et que le plastique, bien moins cher, a damé le pion au bois, la tournerie a connu des heures difficiles. Il a fallu réorienter la production et resserrer ses effectifs. Malgré une conjoncture difficile, en 1990, Brigitte Roz reprend l’entreprise familiale avec son mari Michel Bruchon.

En 2020, alors que la planète entière vit au ralenti, l’engouement pour les jeux traditionnels et le “ made in France”, mais aussi la série à succès Le Jeu de la dame génèrent une demande sans précédent sur les jeux d’échecs traditionnels.

Le Covid-19 passe par là

La tournerie Roz se remet à produire à plein régime. Brigitte Roz et Michel Bruchon ne comptent pas leurs heures pour essayer de répondre à la demande, qui afflue de la France entière mais aussi de l’étranger. Entre 2020 et 2021, leur chiffre d’affaires augmente de près de 50 %. Ils ne savent plus où donner de la tête. « Je me suis parfois levée à trois heures du matin pour plomber et feutrer des pièces », raconte la cheffe d’entreprise.

La pyrale a freiné les velléités d’éventuels repreneurs

Le couple aurait aimé trouver un repreneur. Mais cela n’a pas été possible. Brigitte Roz voit plusieurs raisons à cela. La pénurie de matières premières d’abord. «  La pyrale a brutalement dévoré une bonne partie des buis du Jura. Cela s’est passé sur deux ou trois ans. Pour notre part, nous avons arrêté d’en acheter progressivement. Nous n’avions plus de stock », explique-t-elle.

Or « le buis est un très beau bois, très lisse, un peu doré, avec de belles veines. Pour continuer la fabrication, il aurait fallu envisager d’utiliser une autre essence ».

Autre motif de frilosité des repreneurs potentiels, la vétusté du parc de machines. « Nos machines sont obsolètes. Il aurait fallu qu’on investisse. Mais, avec la pyrale, c’était inenvisageable. »

Pour autant, le couple n’a pas de regrets. « C’est dommage que l’on n’ait pas eu ces circonstances bénéfiques à l’entreprise beaucoup plus tôt. Mais on est quand même heureux de s’arrêter », commente encore Brigitte Roz qui tourne ainsi une longue et belle page d’histoire familiale.

 


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