Commémoration du 11 novembre 1918 « édition 2013 »
à Conliège
Monsieur le Conseiller Général, Mesdames et messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les présidents et représentants des associations des anciens combattants et du souvenir français et des autres associations, Madame la Directrice de l'école de Conliège et ses élèves, Madame la Présidente du sou des écoles Mesdames et Messieurs,
Il y a 95 ans jour pour jour, le fracas des armes se taisait pour laisser place aux clameurs de la victoire et pour céder ensuite au silence du deuil et du recueillement
Après 4 années de fureur, dans la boue des tranchées et dans le froid sous le feu nourri des obus, la signature de l’armistice dans la clairière de Rethondes, au coeur de la forêt de Compiègne rendait les poilus survivants à leurs familles, à leur métier, à leurs études.
Trois millions d’entre eux portaient dans leur chair, leurs visages anéantis et leurs corps meurtris, les stigmates du conflit le plus meurtrier que le monde n’ait jamais connu.
Près d’un million et demi manquaient à l’appel.
Aujourd’hui notre pays se recueille, notre pays pense à celle et ceux tombés au champ d’honneur.
Nul ne fut épargné, aucune famille, aucune ville, aucun village, pas même le nôtre qui versa un lourd tribut à la liste des disparus.
Quand en 1922 le législateur instaura le 11 novembre comme jour ferié dédié à la commémoration de la victoire, il était sans doute loin d’imaginer qu’au siècle suivant des foules se réuniraient encore dans toute la France en souvenir de la Grande Guerre.
Et pourtant nous sommes là aujourd’hui encore aussi nombreux autour de notre monument aux morts.
95 après, alors qu’une seconde guerre mondiale est passée dans l’intervalle alors que témoins et acteurs ont disparu, la ferveur du 11 novembre ne faiblit pas.
Dans les années 30, la commémoration du 11 novembre représentait l’occasion de se réunir et de rendre un vibrant hommage aux morts de 1914 /1918.
Pendant l’occupation elle devint symbole porteur des valeurs de la résistance.
Aujourd’hui, elle incarne l’espérance européenne et la réconciliation franco allemande source d’une Europe en paix unie solidaire et forte.
Elle représente aussi l’occasion de rendre hommage aujourd’hui, sous l’Arc de Triomphe comme devant chaque monument aux morts, à nos soldats qui font aujourd’hui et trop souvent encore, sur tous les champs de bataille du monde, le sacrifice de leur vie pour la paix et la liberté .
Cette cérémonie commémorant l’armistice restera toujours empreinte de la gravité requise et indispensable pour maintenir gravé dans les mémoires de toute notre jeunesse les causes et conséquences de la guerre.
La grande guerre restera dans la mémoire collective comme une sale guerre incarnant l’exemple typique d’un conflit non seulement atroce mais surtout une tragédie meurtrière vécue comme absurde par ceux la même qui y participèrent.
Je veux associer à cet hommage les fusillés pour l'exemple dont de nombreuses personnes souhaitent voir réhabilité la mémoire. Par ces outrances et ces exécutions inutiles, l'absurdité s'est rajoutée à la violence des combats. Cette réhabilitation constituerait un geste d'humanité envers des enfants de notre pays, et ne viendrait en rien remettre en cause la nécessité du commandement, de l'obéissance et du devoir. Ce sont des morts inutiles qui alourdissent notre mémoire et notre fardeau. Aujourd’hui les combattants de ces champs de batailles nous ont tous quitté. L'enjeu de la lutte de la guerre de 14 – 18 n'était pas celle de 39 – 45 qui a été une lutte contre un totalitarisme mortel, un enjeu de liberté et de survie de l'humanisme. Non, ce fut une lutte absurde de voisins nationalistes. Il faut dire la violence de ces combats qui ont meurtri la France. Il faut dénoncer l'immensité du gâchis de ces combats. il faut affirmer la nécessité du rapprochement des peuples.
C’est précisément quand tous les témoins ont disparu, qu’il faut prendre garde que l’histoire n’anéantisse pas le souvenir, mais au contraire le fortifie.
Comme nos ancêtres au sortir des tranchées nous sommes plus que jamais résolus à ce qu’une telle épreuve ne se reproduise plus.
Comme le disait Elie Wiesel :
« Ceux qui ne connaissent pas l’histoire s’exposent à ce qu’elle recommence ».
N’oublions jamais par exemple (pour ceux qui seraient tentés par cette expérience) que le nazisme est arrivé au pouvoir en 1933 par les urnes .Puis en deux ans, les nazis vont interdire les partis politiques, tuer plus de 4200 personnes et arrêter 317 800 opposants, dont 218 600 seront blessés et torturés. Le 20 mars 1933, le commissaire nazi de la police de Munich, Heinrich Himmler, crée à Dachau le premier camp de concentration destiné aux prisonniers politiques,40 autres suivront dans la même année et on connaît la suite.
Commémorer le 11 novembre 1918 c’est accomplir notre devoir de mémoire vis-à-vis de celles et ceux qui nous ont légué les valeurs de courage pour la défense de la nation mais aussi de la démocratie et du pacifisme.
C’est également espérer dans un avenir que l’on souhaite toujours meilleur et solidaire.
Le racisme et le populisme se développent à travers le monde et en France remettant en cause nos valeurs de fraternité de partage et d'accueil. Nous sommes sans cesse dans l’obligation de défendre nos droits et nos libertés. Nous ne devons pas négliger ces menaces. Notre Histoire est riche de nombreux exemples de résistance et de courage face à l’adversité.
Ne l’oublions jamais.
Vive La république, vive la France.
Le Maire
Roger REY