La cérémonie commémorative du 11 juillet 1944 s'est déroulée en mairie de Conliège à cause du mauvais temps Puis le dépôt des gerbes et l'appel des noms des déportés morts en déportation ont été effectués sur la place de la mairie au monument aux morts.
Discours du MaireMonsieur le Conseiller Départemental,Mesdames et Messieurs les Maires et Elus, Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations de Déportés, des Anciens Combattants et du Souvenir Français,Mesdames MessieursNous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer les événements tragiques qui se sont déroulés dans notre village et dans les environs il ya tout juste 72 ans le 11 juillet 1944.Rappelons les faits :
Les 9 – 10 et 11 juillet 1944, une colonne allemande la 157ème division appartenant à l’armée WLASSOV venant de Bourgogne sème la dévastation et la mort dans le Jura.
Un détachement de cette armée qui traque la résistance fait halte à Conliège vers 16 heures.
Le lendemain matin 11 juillet vers 4 h 30, les nazis s’emparent de nombreux Conliègeois .
Ce même jour, le jeune DARPHIN, est assassiné à la sortie du village.
Cette cérémonie sera dédiée aujourd’hui à Monsieur Marcel Bondon qui nous a quitté fin 2015 et à qui je tiens à rendre hommage et à travers lui à tout ceux qui ont souffert de la déportation.
Marcel Bondon dernier survivant de la rafle (Avec la participation de Pascal Hugonnet Pdt de l’amicale Régionale Franche-Comté de Neuengamme)
du 11 juillet 1944 à Conliège nous a quittés.
Il était le dernier Conliégeois à avoir été arrêté le 11 juillet 1944 lors de la rafle qui devait marquer notre village.
Marcel Bondon s’est éteint le 3 décembre 2015 à JASSIGNY en région parisienne, dans sa 96 ème année.
Ce 11 juillet 1944, alors qu’une belle journée s’annonce, vers 4h30, des envahisseurs frappent aux portes de la Rue Haute. La veille dans l’après-midi, un détachement de la 157ème colonne allemande de l’armée Wlassov sème la terreur sur son passage et fait halte à Conliège.
Ces hommes sont tirés du lit et rassemblés à la Chapelle Notre Dame de Lorette ; les plus âgés sont libérés, les jeunes sont rassemblés sur la place de la mairie.
Et c’est ainsi que 25 conliégeois sont embarqués, puis après un parcours chaotique, regroupés à Bourg avec d’autres prisonniers. Plusieurs Conliégeois sont liberés Messieurs Grossin, Lançon, Crinquant, Fressoz, Bruel, Modeste Vuillermoz.
Dix de nos jeunes Conliègeois, ne devaient pas résister aux souffrances des camps de concentration et cinq seulement reverront le clocher du village:René Buffet, Paul Gallet, Fernand Hugonnet, Roger Remond et Marcel Bondon.
Ils sont partis vers l’inconnu, vers Compiègne au camp de ROYALLIEU l'un des principaux camps de transit de France. Près de 45 000 personnes y ont été acheminées : internés politiques, résistants, pour beaucoup communistes, civils russes ou américains et juifs déportés, soumis au travail forcé et aux mauvais traitements, près de la moitié décède pendant le transport ou dans les camps.
Dans la soirée du 28 juillet 1944, ils sont embarqués à destination de Neuengamme dans des wagons à bestiaux, les déportés y passent trois nuits dans des conditions glauques et inimaginables, ce convoi est composé de 1652 hommes dont 1036 décèderont en déportation.
Mais le pire était à venir.
Commence alors la lente et longue chaine de déshumanisation, qui conduira les déportés aux portes de l’enfer.
Au camp de Neuengamme au Sud Est de Hambourg, sur la rive droite de l’Elbe entre 1939 et 1945 plus de 100 000 déportés passèrent, de 28 nationalités différentes, dont 13 000 français. Seulement 600 sont rentreront.
Marcel, comme ses camarades fut transféré en « Kommando » véritable camp de travail où il devient un simple numéro : le « 40 892 ».
Il subit les « kapos » zélés dont la jouissance première était la distribution des coups sous les formes les plus perverses, tout cela dans une absence totale d’hygiène, la sous alimentation, les appels interminables debouts dans la cour quelque soit le temps.
Marcel est libéré le 2 mai 1945, rapatrié en France. Il transite à l’hôtel Lutétia à Paris transformé en centre d’accueil et d’enregistrement des rescapés des camps, le 13 juin 1945 pour un retour à Conliège le 20 juin 1945.
Marcel était membre de l’Amicale Régionale Franc-comtoise de Neuengamme ainsi que de l’Amicale Nationale. Il était Chevalier de l’Ordre National du Mérite et Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur.
Ses obsèques ont été célébrées le 11 décembre 2015 à Notre Dame de l’Assomption du Raincy. N’oublions jamais.
Aujourd’hui dans un village aussi tranquille nous avons du mal à nous imaginer ce qui a pu se passer ici et certains se demandent encore l’utilité d’une telle commémoration.
Mais aujourd’hui plus que jamais, nous devons en appeler à notre humanité pour combattre tout sentiment et tout acte antisémite et raciste.
Notre vigilance doit être sans faille, et notre intransigeance absolue.
. Si plus de 72 ans ont passé, elles n’en demeurent pas moins menacées par tous ceux qui n’aspirent qu’à semer la violence et la haine. Et ils sont nombreux, hélas, à se faire les chantres d’idéologies barbares, qui ne visent qu’à la négation de l’autre.
Notre engagement à ne jamais tolérer l’antisémitisme et le racisme doit être plus déterminé que jamais.
C’est le premier respect que nous devons à toutes les victimes de la Shoah, à tous les martyrs de la barbarie nazie qui faillit perdre l’Europe et le monde.
C’est aussi le premier respect que nous devons à nos enfants, pour que les générations de demain héritent à leur tour de la paix que nos parents conquirent au prix de tant de souffrances.
Le devoir de mémoire que nous honorons aujourd’hui est plus qu’un hommage que nous rendons à nos disparus, il doit être résolument tourné vers l’avenir, l’avenir de la France, l’avenir de l’Europe, (aujourd’hui menacé un peu partout hélas) l’avenir d’une humanité forte de valeurs partagées.
A nous d’œuvrer ensemble pour qu’elle demeure et prospère, à nous de ne jamais manquer à notre devoir de faire vivre la mémoire.
Et n’oublions jamais que le Nazisme est arrivé au pouvoir par les urnes.
Vive la république vive la France.
Le maire
Roger Rey